L’échographie pleuro-pulmonaire : un réflexe clinique pour l’hiver
Avec l’arrivée de l’hiver et la recrudescence des infections respiratoires, les tableaux cliniques pulmonaires se multiplient.
Pneumopathies aiguës communautaires, syndromes grippaux, insuffisances respiratoires, exacerbations de pathologies chroniques… autant de situations où la rapidité et la fiabilité du diagnostic sont cruciales.
Face à ces enjeux, les recommandations récentes des sociétés savantes consacrent l’échographie pleuro-pulmonaire comme un outil de première intention, accessible, reproductible et immédiatement mobilisable au lit du patient.
Un contexte bien particulier
Les recommandations actualisées en 2025 par la SPLF, la SPILF et la SFMU en faveur de l’échographie pleuro-pulmonaire ne sont pas le fruit du hasard. Elles s’inscrivent dans une dynamique de transformation profonde de la pratique médicale, où l’échographie clinique – ou échographie au lit du patient (point-of-care ultrasound, POCUS) – s’impose progressivement comme un outil incontournable du raisonnement diagnostique.
Depuis quelques années, les performances diagnostiques de l’échographie clinique ne cessent d’être documentées et saluées dans la littérature scientifique. Elle permet une visualisation immédiate, non invasive et reproductible de structures anatomiques et de signes pathologiques, avec une précision qui rivalise souvent avec les examens d’imagerie conventionnels. Cette montée en puissance s’explique notamment par la miniaturisation des dispositifs, leur accessibilité économique croissante, et l’intégration progressive de la formation à l’échographie dans les cursus médicaux, tant au niveau universitaire que dans la formation continue.
La Société Nationale d’Échographie en Médecine Générale (SNECHO-MG) attire l’attention sur le nombre croissant de médecins généralistes déjà formés à l’échographie qui utilisent cette technique régulièrement et qui s’équipent de plus en plus d’outils d’aide au diagnostic rapides, fiables et utilisables en autonomie. De son côté, WONCA Europe, fédération européenne des médecins de famille, soulignait l’essor de l’échographie en soins primaires, non seulement pour confirmer ou exclure des urgences, mais aussi pour affiner le diagnostic de pathologies de faible à moyenne complexité, comme les infections respiratoires, les douleurs abdominales ou les épanchements pleuraux.
Le Collège de Médecine Générale, dans une note publiée en 2024, qualifiait l’échographie clinique d’"évolution évidente" de la médecine de premier recours. Selon ses enquêtes, la majorité des médecins formés estiment que l’échographie améliore significativement la précision diagnostique, réduit les délais d’orientation, et renforce la relation médecin-patient en rendant l’examen plus interactif et explicite.
Sur le plan scientifique, les données sont solides. Plusieurs méta-analyses et revues systématiques – notamment celles de Orso et al. et Strøm et al. – confirment l’excellente performance de l’échographie pleuro-pulmonaire dans le diagnostic de la pneumonie, en alternative à la radiographie thoracique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- Sensibilité moyenne : 92 %
 - Spécificité moyenne : 93 %
 - Durée moyenne d’examen : < 10 minutes
 - Fiabilité démontrée même chez les praticiens non radiologues
 
Ces résultats confortent l’idée que l’échographie pleuro-pulmonaire n’est plus un outil réservé aux services d’imagerie ou aux spécialistes, mais bien une compétence transversale, accessible à tout clinicien formé, et particulièrement pertinente en période hivernale, où les pathologies respiratoires sont omniprésentes.
La mise à jour des recommandations s’inscrit également dans un contexte post-Covid, où les pratiques d’imagerie ont été profondément réévaluées. L’étude eCHOVID, par exemple, menée par le Dr Mehdi Benchoufi, a comparé les performances de l’échographie, du scanner et de la radiographie dans l’évaluation des lésions pulmonaires chez les patients suspects ou atteints de Covid-19. Résultat : l’échographie s’est révélée précise, rapide, et adaptée au tri clinique, même en dehors des services de radiologie.
Face à la saturation des services d’imagerie et à la nécessité de diagnostiquer rapidement en ambulatoire, l’échographie pneumo-pleurale s’impose comme une réponse pragmatique et efficace.
Échographie vs radiographie : que faut-il retenir ?
L’échographie pneumo pleurale se distingue par sa rapidité, sa portabilité et son excellente performance diagnostique, avec une sensibilité et une spécificité avoisinant les 90 %. Elle permet une évaluation immédiate au lit du patient, sans irradiation, et s’intègre parfaitement dans le raisonnement clinique, notamment en contexte de médecine de ville ou d’urgence.
Contrairement à la radiographie, qui nécessite un plateau technique et un délai d’interprétation, l’échographie offre une réponse instantanée à une question clinique ciblée. Elle est particulièrement utile chez les patients âgés, en perte d’autonomie, ou en situation de saturation des services d’imagerie. Les recommandations soulignent que l’échographie pneumo-pleurale peut être pratiquée par des médecins non radiologues, à condition d’avoir suivi une formation adaptée. Elle devient ainsi un outil décisionnel accessible, complémentaire à la radiographie, et parfois même préférable dans certaines situations cliniques.
Loin de remplacer la radiographie, l’échographie pleuro-pulmonaire s’inscrit dans une logique de complémentarité. Elle permet de gagner en autonomie, en réactivité et en précision, tout en s’adaptant aux contraintes du terrain.
Cas cliniques et indications concrètes
L’échographie pleuro-pulmonaire trouve sa place dans de nombreuses situations cliniques du quotidien. En médecine générale comme aux urgences, elle permet de répondre rapidement à des questions simples mais cruciales :
- Suspicion de pneumopathie aiguë communautaire : visualisation d’un syndrome alvéolaire, suivi de l’évolution sous traitement.
 - Dyspnée aiguë : différencier un œdème pulmonaire d’une infection ou d’un épanchement pleural.
 - Douleur thoracique : identifier un épanchement, un syndrome interstitiel ou exclure une pathologie grave.
 - Suivi post-Covid ou post-grippe : évaluer la régression des lésions pulmonaires sans recourir à l’imagerie lourde.
 - Patients âgés ou en perte d’autonomie : réaliser un examen au lit du patient, sans déplacement ni irradiation.
 
L'échographie pleuro pulmonaire vue par les praticiens
L’échographie pleuro-pulmonaire n’est plus réservée aux services hospitaliers. De plus en plus de médecins généralistes, urgentistes et pneumologues l’intègrent dans leur pratique quotidienne. C'est le cas du Dr Thibaud Auger, médecin généraliste en Auvergne-Rhône-Alpes :
"Le diagnostic d'une pneumopathie, c'est un faisceau d'arguments. L'image vient se rajouter à l'interrogatoire et à l'auscultation pour pointer vers un diagnostic, cartographier et aider à temporaliser. Justement hier, j'y ai eu recours avec un nouveau patient asthmatique présentant une gêne respiratoire qu'il décrivait comme inhabituelle. J'entendais des crépitements à l'auscultation, ce qui me laissait le doute : normal chez un patient asthmatique avec sécrétions bloquées, ou possible pneumopathie, dans son cas bien tolérée ? Grâce à l'image, j'ai pu confirmer qu'il y avait bien des consolidations, ainsi que de déterminer l'étendue de l'affection, que dans son cas était assez limitée. J'ai donc pu le traiter en première intention pour une crise d'asthme aggravée par une pneumopathie virale, ainsi que de lui donner un traitement antibiotique en cas de non amélioration. Je lui ai montré les images d'échographie, en lui expliquant mon raisonnement et le pourquoi de la mise en place de ce traitement antibiotique si nécessaire. Plus le patient comprend, plus il est rassuré, plus il est efficient dans son traitement. Le rajout du pilier image à l'examen clinique est un atout important aussi pour permettre ce dialogue."
Comment se former à l’écho pleuro-pulmonaire ?
La pratique de l’échographie pleuro-pulmonaore nécessite une formation préalable, comme le précisent les recommandations. Bonne nouvelle : cette formation est accessible à tous les médecins, même non radiologues. Les diplômes varient en fonction de la spécialité et du niveau de compétence souhaité. Les formations additionnelles sont souvent recommandées pour les praticiens qui souhaitent se spécialiser dans l'échographie de spécialité.
L’objectif : d'abord acquérir les gestes techniques, puis perfectionner la technique indication par indication. Vous commencerez par l'analyse de coupes normales, puis procédez à la comparaison avec des coupes pathologiques. Une fois que vous vous sentirez en confiance pour interpréter les images d'une indication, vous apprendrez à intégrer l’échographie dans le raisonnement clinique, en plus des éléments de votre examen physique.
Les formats disponibles :
- Sessions courtes en présentiel ou en visio, comme celles proposées par le CFFE, la SNECHO-MG, EchoFirst, A2FM...)
 - Modules e-learning avec cas cliniques (comme ceux proposés par SantéAcadémie)
 - Ateliers pratiques lors de congrès ou en maisons de santé (comme ceux proposés par Winfocus ou le CHEM)
 - Mentorat terrain avec des praticiens expérimentés
 - Diplômes Universitaires, pour aller plus loin (comme ceux dispensés par l'Université Paris Cité)
 
Les formations en échographie clinique proposées par EchoFirst, Winfocus, CFFE, CHEM, et A2FM offrent des programmes variés et adaptés aux besoins des praticiens. Un grand nombre de séances de formation est organisé chaque année, dans les principales villes de France. Certains organismes proposent également des formations en ligne. Les durées et les tarifs varient en fonction du niveau de spécialisation et du contenu des formations, avec un prix moyen de €350 pour une formation de 1 à 2 jours. Ce prix pourra vous être remboursé par le DPC. Ces organismes sont reconnus pour leur expertise et leur engagement à fournir une formation de qualité.
echOpen : une solution idéale pour se lancer
echOpen, c’est l’échographie clinique pensée pour le terrain : portable, accessible, essentielle. Son utilisation intuitive et son prix abordable permettent à chaque soignant de s’équiper et de se former à l’échographie, sans compromis sur la qualité d’image.
En cette saison hivernale, echOpen s’engage aux côtés des médecins pour faire de l’échographie pleuro-pulmonaire un réflexe clinique partagé.
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